Un lundi sans soleil !

Un lundi sans soleil !

Cela n'a pas pu vous échapper ! A un moment ou à un autre de votre vie, au meilleur des cas un jour, une semaine, et parfois plus longtemps… vous vous êtes demandés comment vivre avec tant d'indifférence autour de vous ? 

Parce que le silence étouffe, j'ai décidé d'écrire, de partager ! Je suis cadre, manager, avec plus de 20 ans d'exercice professionnel. 

J'ai travaillé sur des postes fonctionnels puis opérationnels, sur des projets stratégiques… Bref, j'ai soutenu, j'ai défendu, à bout de bras, à bout de forces, le modèle et la nécessité de business des entreprises qui m'ont employées. 

Ayant une formation RH au départ, j'ai eu la chance (et parfois la douleur) de décrypter les situations humaines que j'ai pu observer. Ces billets que je partage avec vous sont le fruit d'expériences vécues… Mais avant tout d'un questionnement sur notre monde, « sommes- nous bien conscients de la vitesse effrénée à laquelle nous courrons et des risques liés ? » 

Alors commençons par une petite histoire… 


Quand l'indifférence devient collective ! 

Tout a commencé un jeudi soir… 

Une collègue et maintenant amie m'appelle ; elle sort de la poste ou elle est allée récupérer un recommandé. Elle est arrêtée depuis 8 mois suite à un Burn out et là, ce jour, l'entreprise lui envoie un courrier d'entretien préalable au licenciement. 

Le monde s'arrête un instant… Savons-nous tous qu'un employeur peut décider de licencier un collaborateur dont l'arrêt impacte trop fortement l'entreprise ? 

Elle rentre chez elle (il fait -3 degré à l'extérieur), se fait un thé et nous commençons à bâtir la suite… 


Lundi, sauve qui peut ! 

C'est comme ça que nous commençons notre semaine ce lundi de fin janvier ! Rendez-vous avec l'Avocat, préparation à l'entretien, puis passer le temps jusqu'à l'heure fatidique : 17h ! 

Que pensez-vous qu'il se passe dans le siège social d'une entreprise qui entreprend de licencier un collaborateur : Responsable de service, « poussé à bout » au point de la rendre malade ? Un collaborateur dont… soudain… elle découvre qu'il est « indispensable » à l'entreprise ? Un collaborateur qu'elle convoque donc pour lui expliquer que ses compétences sont tellement « pointues » quelle ne peut pallier à son absence et donc… qu'elle le licencie pour pouvoir le remplacer de façon pérenne ! Vous avez perdu la question ? 

Je disais donc… « Que croyez-vous qu'il se passe dans cette entreprise ? » 

Il ne se passe RIEN !! 

Un délégué, représentant du personnel, au courant depuis plus d'un an et demi des agissements vous concernant (vous et les autres car vous n'êtes bien évidemment pas le seul dans cette situation dans ce service bien sûr) vous accompagne. Savez-vous quelle est son argumentation pendant l'entretien ? 

« De demander pourquoi l'entreprise ne remplace pas les personnes en arrêt maladie… »

Vous aussi vous vous demandez pourquoi personne ne demande à cette entreprise comment un collaborateur « jugé » incompétent peut devenir indispensable ? 

Vous aussi vous vous demandez comment une entreprise qui évalue favorablement un collaborateur pendant des années, peut du jour au lendemain, le considérer comme « insuffisant » ? 

Et bien personne n'a posé cette question. Dans le cas présent, vous vous demandez sans doute quelle a été la réaction des collègues et des collaborateurs ? 

Les faits tout d'abord :

  • Aucune proposition d'accompagnement ou de préparation à l'entretien 
  • Des textos… un certain nombre avec des messages de pensées essentiellement et des « bon courage », heureusement pas de « t'inquiète pas, ça passera » 
  • De rares appels (pas forcement des personnes auxquelles on s'attend !) 

Nous avons tous tendance à penser que nos collègues avec lesquels nous partageons 12 à 14h par jour, qui connaissent presque toute notre vie (le café 2 fois par jour ça aide !!) seront présents et solidaires… Ce n'est pas aussi simple… Plus on est proche du pouvoir et plus nos prises de position sont difficiles à assumer ! 


« Se soumettre ou se démettre » disait si bien… 

La vérité est cruelle et pourtant… Les échecs (même quand ils n'en sont pas !!) font peur ! Aussi peur que la grippe est contagieuse ! 

Et c'est ainsi que notre société va gérer dans sa grande majorité la situation… comme une grippe contagieuse… Limiter les contacts (le texto est parfait pour la situation). 

La perte d'un emploi, particulièrement dans une situation qui mets en exergue les dysfonctionnements humains d'une entreprise et dans une société dont les media se sont pourtant fait échos des formes les plus violentes…. font partie des situations que nous fuyons !! 

Il ne s'est rien passé dans cette entreprise !! RIEN ! 

Pas un tract des syndicats, pas une réunion de service, pas de mobilisation même externe (diner, apéro,…)… Et il ne se passera RIEN ! 

Je pourrais vous lister les raisons et elles sont nombreuses qui expliquent cet état de faits, la plus connue étant la peur… Nous avons toujours de bonnes raisons de ne pas agir mais savons-nous encore trouver les moyens d'agir ? Pour ma part, je ne peux m'empêcher de me demander quelle valeur de créativité et d'innovation l'entreprise dont nous parlons, peut encore attendre de salariés tétanisés à ce point ? 

Notre monde, qui ne cesse de valoriser l'image employeur, la bienveillance au travail, la mise en place « de Chief Happiness Officer » et j'en passe, a-t- il bien conscience de ce qu'il laisse faire ? 

Dans ces moment-là, en récupérant mon amie à la sortie de son entretien pour réaliser un compte rendu à chaud, je pense à cette chanson de Goldman (et oui chacun nos références…) « Et si nous étions nés en 17 à Leidenstadt, aurions-nous été meilleurs ou pire que ces gens ? » 


Voilà, la semaine ne s'arrête pas là et demain nous partons à la CRAMIF pour découvrir comment la France a décidé d'aider ceux qu'elle ne souhaite pas laisser en arrêt maladie. Et bien oui, en arrêt maladie, car quand une entreprise pousse un collaborateur au burn-out ( cela touche en majorité des gens investit dans leurs jobs ), il « tombe » malade ! Qui paie pour ces conséquences … l'entreprise ??? , et bien non : « la sécu » donc vous, moi, toi ! Jusqu'au moment où, de la sécu on passe à pôle emploi … ben oui, il faut bien guérir un jour, un burn-out c'est juste une grosse fatigue … On est guéri, même si on pleure à l'idée de se retrouver de nouveau dans cette situation et que l'entreprise n'est plus vécue comme l'endroit où l'on peut amener un savoir-faire, l'endroit où l'on participe à un projet, l'endroit où l'on s'entraide … mais comme un gigantesque presse purée où l'individu disparait ! 

Bon aller, il y a un peu de soleil !


Hugo Malle

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mardi 19 mars 2024