Sollicité par SMS ou mail en dehors de votre temps de travail ? Demandez des heures sup’ !

heure-supplementaire

Des sollicitations professionnelles régulières en dehors du temps de travail sont considérées comme des heures supplémentaires. La jurisprudence va dans ce sens. Décryptage avec François Vaccaro, avocat spécialiste du droit du travail.

C'est l'histoire d'une assistante marketing, appelons-là Noémie, qui a attaqué son entreprise pour l'avoir fait travailler près de 900 heures supplémentaires entre novembre 2011 et novembre 2014, sans être payée. Originalité de cette affaire, jugée par la Cour d'appel de Paris en novembre dernier ? La plaignante s'est basée sur des e-mails et des SMS reçus en dehors de son temps de travail. La demande a été jugée fondée par la Cour et l'entreprise a été condamnée à verser près de 34.000 euros à la salariée, au titre des heures supplémentaires impayées.

Mais alors, peut-on vraiment requalifier des SMS ou mails de son employeur en heures supplémentaires ? "Ce n'est pas tout à fait juste de parler de requalification. Ces messages de son patron ne vont être qu'un mode de preuve des heures travaillées en dehors de son lieu de travail", explique François Vaccaro, avocat spécialiste en droit du travail et membre du réseau Eurojuris. Cet expert précise aussi qu'il faut distinguer deux situations très différentes l'une de l'autre. Dans la première, vous avez reçu "occasionnellement" une sollicitation en dehors de votre temps de travail : il sera très compliqué de faire valoir une compensation financière aux prud'hommes. Les juges pourront estimer que c'est un "acte exceptionnel, nécessaire au fonctionnement de l'entreprise".

En revanche, dans la deuxième situation, s'il y a "récurrence", habitude, cela pourra engager des heures supplémentaires, peu importe que le message porte sur une demande immédiate, ou concernant la journée de travail à venir. La règle pour l'employeur est "de ne pas déranger le salarié en dehors du temps de travail". Attention, "iI y a une prescription de 3 ans en matière d'heures supplémentaires", ajoute François Vaccaro.

Reste encore à savoir comment les calculer. Si vous pensez que ces heures sup' dépendent de la durée de la tâche que vous aura demandé d'effectuer votre patron dans le corps de son mail ou de son SMS, vous faites fausse route. "Parler des tâches que l'on nous a confié n'est pas très pertinent. Comment un juge pourra estimer que réaliser ce Powerpoint pour votre réunion annuelle avec la direction vous aura réellement pris une nuit entière, et pas une petite heure ?", cite comme exemple François Vaccaro. Non, ce qui pourra être pris en compte sera plutôt la durée entre la réception d'un message et la fin de votre journée de travail. "Ainsi, si vous recevez régulièrement un SMS de votre patron à 21h, et que vous quittez normalement le bureau à 19h, ce sont les deux heures comprises entre 19h et 21h qui seront considérées comme des heures supplémentaires", détaille l'avocat.

Veillez tout de même à avoir des preuves solides. "Je remarque que la plupart du temps, aux prud'hommes, les plaignants utilisent des captures d'écran des messages qu'ils ont reçu de leurs employeurs. Et je n'ai jamais vu des juges douter de leur véracité", rapporte François Vaccaro, sachant que le mail aura plus de valeur dans la procédure, puisque souvent jugé plus professionnel que le SMS. Mais ne jouez pas avec le feu : ne prenez pas pour preuve des messages que vous avez vous-même envoyé à votre patron. "Vous serez alors à l'initiative des sollicitations et ne pourrez en aucun cas demander des heures supplémentaires", met en garde l'avocat, puisque c'est surtout sur le lien de subordination que vont se baser les juges.

Vous pouvez aussi demander d'autres indemnités aux prud'hommes

Dernière chose à avoir en tête, les sollicitations en dehors du temps de travail n'impliquent pas forcément que des heures supplémentaires. "On peut aussi estimer que votre employeur viole votre vie privée, et que cela engage des risques psychosociaux", estime François Vaccaro. Que ces sollicitations vous aient provoqué du stress, de l'anxiété, voire une dépression ou un burn out, vous êtes en droit de réclamer une indemnité aux prud'hommes. Montant moyen ? "En général, entre 5.000 et 10.000 euros", précise l'avocat. Une somme pas vraiment négligeable.

par Samuel CHALOM via Capital

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mardi 23 avril 2024