Le futur du travail : des humains plus humains dans un monde régulé ?
Stéphane Ingrassia CMO - DOCAPOST @Ingras01
A l'heure où une course est engagée entre évolution technologique et évolution sociétale, l'homme va-t-il être acteur ou spectateur ?
Les interventions que j'ai relayées récemment sur ce sujet (Laurent Alexandre - https://t.co/gNtSASAsYb ou Beatrice Rousset à l'occasion du Lab Postal 2017 - http://yellowvision.fr/toutes-les-conferences-du-lab-postal-2017-en-replay/) amènent la question suivante : l'accélération du "second machine age" - de la révolution industrielle qui a automatisé l'exécution à la révolution cognitive qui automatise la réflexion – va-t-t-elle nous faire passer du monde où la machine est complémentaire à l'homme à celui où elle pourrait s'y substituer ?
Selon les sources (Université d'Oxford ou OCDE) entre 10 et 50% des emplois pourraient être menacés dans les prochaines années par le développement de l'IA, phénomène qui touchera notamment les populations « col blanc » dont la légitimité repose essentiellement sur la connaissance et l'expertise.
L'excellent, et très complet, article d'Yves Caseau - http://www.frenchweb.fr/le-futur-du-travail-et-la-mutation-des-emplois/267902 décrit parfaitement la croisée des chemins où nous nous trouvons.
Pour ma part, ces analyses m'ont amené aux 2 réflexions suivantes :
Avant HER, l'avènement du HIM
Dans un monde où les métiers de production seront de plus en plus captés par des robots, où ceux de la transaction seront automatisés par l'IA, resteront aux humains les métiers interactions.
Alors que pendant des années, nous nous sommes acharnés à développer des IHM nous permettant de prendre le contrôle des machines, l'avenir nous conduira au développement de l'HIM (l'homme interface machine), où l'homme, libéré dans son cerveau gauche, devient l'interface de la machine et son cerveau droit (en lui amenant émotivité, créativité, affectivité…).
La mise en oeuvre de cette transformation repose alors sur la capacité du système éducatif à former "autrement".
L'HaaS, où l'Humain as a Service
Dans une économie ou va se développer le secteur quaternaire, un concept que nous devons en particulier à Michelle Debonneuil, et qui regroupe « de nouveaux services incorporant des biens, la mise à disposition temporaire de biens, de personnes, ou de combinaisons de biens et de personnes », et dans un contexte de « plateformisation » des organisations, l'humain tend à devenir un intermittent sur service.
Ce concept est valable pour les entreprises – phénomène des freelances et travailleurs indépendant – mais aussi et surtout pour les particuliers qui pourront avoir recours ponctuellement à des services locaux – une sorte d'ubérisation de masse de notre société.
Dès lors, l''Humain as a Service deviendrait l'acteur de proximité d'une société collaborative, fonction difficilement délocalisable, en apportant son expertise de manière ponctuelle.
L'avenir est dans la régulation et l'éducation
Ces 2 voies reposent sur un principe de base : pour que l'homme trouve sa place dans un monde de plus en plus automatisé et intelligent, de profonds changements vont être nécessaires pour que transformation ne rime pas avec révolution.
L'homme ne pourra devenir HIM que dans un monde où l'IA faible voire forte (consciente) sera régulée et le modèle éducatif revisité.
L'homme ne pourra offrir des services HaaS que dans une société où les sujets du rapport au travail et de la consistance des revenus auront été traités, en dehors de toutes passions.
Si il est anticipé et maîtrisé, le développement de l'Intelligence artificielle dans nos sociétés est une chance pour les humains de se voir décharger de tâches fastidieuses ou inutiles… Et de redevenir humains.
Article original : http://www.frenchweb.fr/le-futur-du-travail-et-la-mutation-des-emplois/267902
article original
